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Apprendre un arbre

Connaître les Arbres, durant des millénaires, a fait parti du savoir de base, indispensable, vital.

De nos jours, bien des enfants (et aussi des adultes) auraient quelques difficultés, au vu d'une feuille, pour nommer l'arbre qui la portait.

La documentation pourtant est là. Nous disposons des herbiers, des Flores, et d'une multitude d'ouvrages de vulgarisation dont certains sont des chefs d'oeuvre d'édition.

Les herbiers sont des trésors, certaines planches dorment depuis plus de trois siècles  dans les coffres du Muséum.

Leur fragilité extrème, au bout de quelques années, interdit des consultations trop fréquentes.

Ils sont la référence, mais cette référence ne peut être utilisée par tout un chacun. 

Les flores sont indispensables pour les spécialistes qui doivent pouvoir nommer un végétal même s'ils ne l'ont jamais vu. Les flores contiennent des clés de déterminations dichotomiques, principalement basées sur la structure de la fleur. Elles utilisent un vocabulaire très précis, indispensable à ce genre d'exercice, mais qu'il faut assimiler.. Elles sont souvent agrémentées de dessins, plus explicatifs que les modernes photographies.

La  reproduction ci-dessus, à droite, est un extrait de la flore de l'abbé Coste, outil de travail de plusieurs générations de botanistes. Elle décrit plus de 3400 plantes de nos régions. Un profane ne peut l'utiliser sans un long apprentissage préalable.

Les livres de vulgarisation sont d'accès plus facile. Il n'est pas nécessaire d'être un expert pour lire une photographie, et certaines sont magnifiques. Pourtant le problème de l'apprentissage n'est pas résolu. Une longue pratique de dizaines de livres m'a montré leurs faiblesses. Il ne servirait à rien de les lister ici. Je vous livrerai tout de même ma conclusion  qui est banale et évidente :

Un arbre ne s'apprend pas dans les livres, il s'apprend en forêt. 

Selon les saisons l'arbre est changeant. Il y a l'hiver où seules sa silhouette et l'écorce de son tronc révèlent son identité. Au printemps les bourgeons vont éclater. Pendant une quinzaine de jours ils permettront de reconnaître l'arbre.  Puis viendront les feuilles ainsi que  les fleurs donnant les fruits  et les graines vers la fin de l'été.

Connaître un Arbre ce n'est pas savoir citer son nom. C'est savoir rattacher ce nom à toutes les facettes du cycle de végétation de l'Arbre considéré. .

C'est à partir de ces constatations simples qu'est née l'idée des "Arboramas".

J'ai appelé "Arborama" le coffret vitrine consacré à un Arbre et contenant  tous les éléments végétaux  qui le caractérisent. Vous en avez lu la description dans les pages précédentes et en complément  je vous propose   deux   petites expériences.

Reconnaître les bois

Ces 4 échantillons appartiennent à 4 essences différentes.

Un professionnel n'hésiterait guère pour avoir une idée précise de la taille réelle de chaque morceau ; l'habitude des grains lui ferait dire entre 6 et 10 cm, ce qui est le cas. Il reconnaîtrait ensuite probablement le Hêtre (en 1) et le Frêne  (en 3). Pour les deux autres il aurait quelques problèmes. La photo n'apporte pas suffisamment d'informations. Comment différencier les textures ? et la façon de réfléchir la lumière ?  Il faudrait pouvoir faire pivoter les échantillons pour reconnaître (en 2) l'Erable et (en 4) le Tilleul. Toute ambiguité serait évidement levée s'il pouvait soupeser les bois,  les orienter pour en percevoir les micro-reliefs, évaluer la dureté en les marquant avec l'ongle, les sentir, parce que chaque bois à son odeur.

L'oeil et le cerveau

Le mécanisme de la vision m'émerveille. Nous arrivons à distinguer des détails séparés par un espace si petit que leurs images projetées au fond de l'oeil est inférieure à celui d'un  seul capteur de la rétine, ce qu'aucun appareil à digitaliser ne saurait faire. L'ensemble oeil - cerveau procède par balayage, par comparaison, par focalisation, mais en aucun cas l'oeil ne pourra tranférer au cerveau des détails qui n'existent pas.

Les images ne sont qu'un reflet approximatif de la réalité.

Il est insuffisant lorsque la démarche poursuivie vise à ne rien laisser perdre des informations portées par l'objet de l'étude afin de le mémoriser de façon consciente et inconsciente.

En voici une tentative de justification :

Sous une loupe binoculaire, j'ai placé une image imprimée, de très bonne qualité, représentant des fleurs de Tilleul. Sur cette image j'ai disposé une vraie fleur de tilleul séchée (cerclée de rouge). J'ai ensuite photographié successivement la vraie fleur, puis l'image de la fleur, à un grossissement  x 30.

J'ai ensuite obtenu une troisième photo à partir de la première (celle de la vraie fleur). Les pixels de cette troisième photo ont   été "grossis" 30 fois.

Voici les résultats : 

Fragment de fleur de tilleul (Pistil et étamines) Grossissement : 30	Fragment d'image imprimée de fleur de tilleul Grossissement : 30	Fragment d'écran affichant une fleur de tilleul grossissement : 30

Photographie de cette page  affichée sur l'écran comparez les hublots 1 et 3 avec   "l'original" ci dessus !

Si vous avez la place, éloignez vous de votre écran. Vous verrez alors "distinctement" des fragments de fleur dans la lucarne du centre.

Au delà de 7 m, les images 1 et 3 paraissent identiques, alors que la première contient 30 x 30 = 900 fois plus de détails. C'est ce que j'ai essayé d'illustrer par la photo ci contre. 

Ce petit divertissement n'apporte rien de révolutionnaire. Il n'est là que pour affirmer ma conviction (que je ne saurais  pas démontrer plus avant ) que l'apprentissage a plus de chances d'être efficace si la chose apprise est réelle, plutôt que virtuelle, parce que l'oeil et le cerveau en retiennent sans doute des détails sans que le phénomène puisse être analysé.